Qui était Clément Marot ?
Clément Marot est né à Cahors en Quercy. Il connut à la cour de France les succès les plus flatteurs. Il est mort en exil.
Son père, médiocre versificateur et protégé d’Anne de Bretagne, lui enseigna les lois des grands rhétoriqueurs. Ses études furent superficielles. Il rima très tôt et selon les règles du temps : on peut dater ses débuts de 1514, et ce furent le Temple de Cupido , allégorie dans l’esprit du Roman de la Rose , puis l’Épître de Maguelonne , enfin, en 1519, l’Épître du Dépourvu . Il connaissait la faveur royale : François Ier l’avait remarqué ; Marguerite d’Angoulême fit de lui son valet de chambre et ne lui ménagea jamais sa protection.
Alors commença pour lui une période heureuse, à peine troublée par quelques incartades, car il garda toujours une indépendance totale. Auprès de Marguerite d’Angoulême, il dut, vers 1524, s’intéresser à cette nouveauté : l’évangélisme. On raconte qu’il fut blessé à Pavie. Légende pure. Un fait précis : il est incarcéré au Châtelet en 1526 pour avoir mangé du lard en carême. Faute énorme en ce temps ! Défi à l’Église ? Il affirmait son orthodoxie dans son Épître à M. Bouchart , en contant avec brio la fable du lion et du rat. Poète officiel, il connaîtra cependant deux fois encore les geôles parisiennes : une fois pour avoir délivré un prisonnier arrêté par le guet, puis pour avoir, de nouveau, fait gras. De là deux épîtres au roi qui sont des chefs-d’œuvre d’esprit et d’habileté.
Et Marot publia ses premières œuvres : l’Adolescence clémentine paraît en 1532. Ce fut un gros succès . Le poète est à l’apogée de son talent. Ce qui ne le rend pas plus sage. À la Sorbonne, au Parlement, il apparaît comme un suspect. L’affaire des placards, en 1534, qui conduit le roi à l’intransigeance, apeura Marot. Il s’enfuit et court les grandes routes. Il se réfugie d’abord à Nérac chez sa protectrice, devenue reine de Navarre, puis passe les Alpes et gagne Ferrare où la duchesse Renée s’intéresse à l’évangélisme et protège les novateurs. Dans ce premier exil, Marot séjourne en Italie, à Ferrare, à Venise, écrit des épîtres pour solliciter l’autorisation de rentrer en France. Il est à Lyon en 1536, où il fait amende honorable ; puis à la cour. Il a retrouvé la faveur royale.
Il a retrouvé aussi ses ennemis. Un rimailleur sans talent, François Sagon, l’attaque de manière grossière. Il réplique par une admirable satire, pleine de verve et d’esprit, l’Épître de Fripelipes, valet de Marot, à Sagon , la première satire de la littérature française moderne. Toujours aussi indépendant, il traduit et publie la traduction de trente Psaumes (1541). Cette tentative audacieuse a de quoi provoquer la colère des autorités religieuses et judiciaires.
C’est, de nouveau, l’exil. À Genève, d’abord, chez Calvin, mais là encore il manifeste tant de liberté qu’il doit s’enfuir derechef. En Savoie, à Chambéry, puis à Turin où il meurt.
Clément Marot est né à Cahors en Quercy. Il connut à la cour de France les succès les plus flatteurs. Il est mort en exil.
Son père, médiocre versificateur et protégé d’Anne de Bretagne, lui enseigna les lois des grands rhétoriqueurs. Ses études furent superficielles. Il rima très tôt et selon les règles du temps : on peut dater ses débuts de 1514, et ce furent le Temple de Cupido , allégorie dans l’esprit du Roman de la Rose , puis l’Épître de Maguelonne , enfin, en 1519, l’Épître du Dépourvu . Il connaissait la faveur royale : François Ier l’avait remarqué ; Marguerite d’Angoulême fit de lui son valet de chambre et ne lui ménagea jamais sa protection.
Alors commença pour lui une période heureuse, à peine troublée par quelques incartades, car il garda toujours une indépendance totale. Auprès de Marguerite d’Angoulême, il dut, vers 1524, s’intéresser à cette nouveauté : l’évangélisme. On raconte qu’il fut blessé à Pavie. Légende pure. Un fait précis : il est incarcéré au Châtelet en 1526 pour avoir mangé du lard en carême. Faute énorme en ce temps ! Défi à l’Église ? Il affirmait son orthodoxie dans son Épître à M. Bouchart , en contant avec brio la fable du lion et du rat. Poète officiel, il connaîtra cependant deux fois encore les geôles parisiennes : une fois pour avoir délivré un prisonnier arrêté par le guet, puis pour avoir, de nouveau, fait gras. De là deux épîtres au roi qui sont des chefs-d’œuvre d’esprit et d’habileté.
Et Marot publia ses premières œuvres : l’Adolescence clémentine paraît en 1532. Ce fut un gros succès . Le poète est à l’apogée de son talent. Ce qui ne le rend pas plus sage. À la Sorbonne, au Parlement, il apparaît comme un suspect. L’affaire des placards, en 1534, qui conduit le roi à l’intransigeance, apeura Marot. Il s’enfuit et court les grandes routes. Il se réfugie d’abord à Nérac chez sa protectrice, devenue reine de Navarre, puis passe les Alpes et gagne Ferrare où la duchesse Renée s’intéresse à l’évangélisme et protège les novateurs. Dans ce premier exil, Marot séjourne en Italie, à Ferrare, à Venise, écrit des épîtres pour solliciter l’autorisation de rentrer en France. Il est à Lyon en 1536, où il fait amende honorable ; puis à la cour. Il a retrouvé la faveur royale.
Il a retrouvé aussi ses ennemis. Un rimailleur sans talent, François Sagon, l’attaque de manière grossière. Il réplique par une admirable satire, pleine de verve et d’esprit, l’Épître de Fripelipes, valet de Marot, à Sagon , la première satire de la littérature française moderne. Toujours aussi indépendant, il traduit et publie la traduction de trente Psaumes (1541). Cette tentative audacieuse a de quoi provoquer la colère des autorités religieuses et judiciaires.
C’est, de nouveau, l’exil. À Genève, d’abord, chez Calvin, mais là encore il manifeste tant de liberté qu’il doit s’enfuir derechef. En Savoie, à Chambéry, puis à Turin où il meurt.
Existence agitée, partagée entre les bonnes grâces du roi, le succès littéraire et la peur, la prison, l’exil. Il s’était marié : de sa vie sentimentale, on ne sait pas grand-chose. Il eut deux enfants dont on perd vite la trace.
Un rhétoriqueur plein d’esprit et de cœur
Formé à l’école des grands rhétoriqueurs, il sut vite s’affranchir de leurs règles, même s’il garda toute sa vie certaines de leurs habitudes, et d’abord une réelle admiration pour le Moyen Âge : il édita le Roman de la Rose et les poésies de Villon.
Il traduisit la Première Bucolique , deux livres des Métamorphoses et le Jugement de Minos de Lucien (qu’il dut traduire sur une traduction). Mais sa connaissance de l’Antiquité resta superficielle : il est loin du savoir de Rabelais et de Ronsard. Il est venu trop tôt pour suivre les leçons et subir l’influence des grands humanistes, de Guillaume Budé à Dorat. Mais il avait du talent, de l’esprit, et du meilleur : cela lui suffit pour laisser une œuvre inégale, certes, mais très variée, et parfois excellente : il annonce La Fontaine, Voltaire et certains aspects de Musset.
Cette œuvre, mis à part la recherche de rythmes inédits, n’apporte que peu de nouveauté, simplement une grande diversité et, plus encore, de la spontanéité, de la sincérité.
Rhétoriqueur à l’occasion, il a composé des chants royaux bien lourds, des ballades plus lisibles, des pièces de commande, complaintes, déplorations, épitaphes, et des étrennes. Il était poète de cour : il lui fallait bien plaire à ses protecteurs et justifier les pensions qu’il recevait. Les meilleures de ses pièces se trouvent dans les rondeaux, tour à tour satiriques, laudatifs, parfois religieux ou égrillards, voire très émus. On a plaisir encore à les lire.
Du sentiment, on en trouve encore dans les Élégies , dont on n’a pu percer le secret. À qui s’adressaient-elles ? On ne sait. On y sent, sous une certaine préciosité, de l’émotion. Mais l’essentiel de l’œuvre est constitué par les Épîtres. On en compte cinquante-trois dans l’édition Constantin de 1544. Ici, Marot, qui " en pleurant cherche à vous faire rire ", laisse libre cours à son esprit et à son cœur. On ne saurait mieux définir ces pièces que par ce vers, mais il faut souligner qu’il cherche à faire rire plus souvent qu’il ne pleure. Il savait mordre et il a mordu : qu’on lise ses Épigrammes , d’un ton souvent gaulois, ses Épîtres du Coq à l’Âne , sorte de chronique rimée assez obscure, pleines d’allusions aux misères de son temps, et surtout l’Épître de Fripelipes à Sagon où se déploie une verve joyeuse et féroce. Marot précurseur de Régnier, de Boileau... Et n’oublions pas L’Enfer , critique trop juste de la justice et de la police du temps.
Il reste surtout les grandes Épîtres , aussi diverses que les circonstances qui les ont inspirées : récits de ses mésaventures, de ses malheurs, prières, requêtes, plaidoyers, ou simples narrations. Marot sait y prendre tous les tons, tour à tour grave et sérieux, le plus souvent badin, désinvolte et malicieux. Il y dit ses émotions, ses joies, ses douleurs : on l’arrête, on l’emprisonne, on oublie de payer sa pension, son valet lui dérobe ses habits et sa bourse, autant de thèmes qu’il développe avec une souplesse et un esprit que seul, peut-être, Voltaire retrouvera. C’est, sous une forme familière mais plus travaillée qu’il ne semble, une première forme du lyrisme moderne.
Pour sa traduction des Psaumes , dont cinquante furent mis en musique par Claude Goudimel, il a cherché des types de strophes inédits : la leçon ne sera pas perdue. Ronsard, sans le dire, l’a suivie.
Reste une question délicate : ses opinions religieuses. Fut-il protestant ? Demeura-t-il dans l’orthodoxie catholique ? On peut plaider le pour et le contre. La Sorbonne l’a poursuivi. Calvin ne l’a pas laissé séjourner à Genève. Il faut le classer parmi ces esprits indépendants qui cherchaient alors leur voie en marge des Églises. Il cherchait sa vérité. Il se situerait aujourd’hui parmi les progressistes. L’obéissance pure et simple n’a jamais été son fait.
Poète de cour ? Oui. Chef d’école ? Peut-être. Il mérite ce titre même si ses disciples furent des poètes mineurs. Les classiques l’ont admiré. Cela compte. Avec lui, la poésie s’est réveillée ; il lui a manqué, pour être grand, une personnalité plus marquée. Il reste un poète des plus spirituels.
Quelques poèmes de Clément Marot :
De soi-même
Plus ne suis ce que j’ai été,
Et ne le saurais jamais être.
Mon beau printemps et mon été
Ont fait le saut par la fenêtre.
Amour, tu as été mon maître,
Je t’ai servi sur tous les Dieux.
Ah si je pouvais deux fois naître,
Comme je te servirais mieux
De la rose
La belle Rose, à Vénus consacrée,
L’oeil et le sens de grand plaisir pourvoit ;
Si vous dirai, dame qui tant m’agrée,
Raison pourquoi de rouges on en voit.
Un jour Vénus son Adonis suivait
Parmi jardin plein d’épines et branches,
Les pieds sont nus et les deux bras sans manches,
Dont d’un rosier l’épine lui méfait ;
Or étaient lors toutes les roses blanches,
Mais de son sang de vermeilles en fait.
De cette rose ai jà fait mon profit
Vous étrennant, car plus qu’à autre chose,
Votre visage en douceur tout confit,
Semble à la fraîche et vermeillette rose.
Je suis aimé de la plus belle
Je suis aimé de la plus belle
Qui soit vivant dessous les cieux :
Encontre tous faux envieux
Je la soutiendrai être telle.
Si Cupido doux et rebelle
Avait débandé ses deux yeux,
Pour voir son maintien gracieux,
Je crois qu’amoureux serait d’elle.
Vénus, la Déesse immortelle,
Tu as fait mon coeur bien heureux,
De l’avoir fait être amoureux
D’une si noble Damoiselle
Vous trouverez également l’essentiel des oeuvres du poète en ligne :
http://poesie.webnet.fr/auteurs/marot.html